_____________ HENRI DELAUNAY PILOTE __________
Pilote aux Mains Brûlées !
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7 Mai 1928: Drame à Florianopolis

« Ce que j'ai fait, aucune bête ne l'aurait fait !»
Henri Guillaumet


A Noite: Le Soir, 12 mai 1928
 
 

Voyage aérien du journal "Le Soir" du 12 mai 1928.
- Comment est arrivé l'accident à l'Armation de la Pitié.
L'héroïsme inouï du pilote Delaunay - 10 minutes d'angoisse
Le mécanicien Marsaud - Continuation du raid

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Nous donnons ici la narration complète du déplorable accident de l'Armation de la Pitié dans lequel faillit périr de façon tragique l'équipage du Laté 26. C'est l'épisode le plus émotionnant du sensationnel reportage du journal "Le Soir". Ce récit, dû à notre compagnon Manuel Bernardino (4) , traduit nettement ces instants d'angoisse qu'ils passèrent sur la belle (NDLR: baie, côte?) de la Province de Sainte-Catherine, les braves voyageurs du puissant appareil, sauvés grâce au courage et au calme du pilote.

Cette chronique fut écrite à Buenos-Aires, sous l'impression de la scène douloureuse. Passant par cette capitale pendant le raid, je l'ai remise au reporter du "Soir" pour que ses lecteurs puissent en connaître les détails les premiers.)
(De notre envoyé spécial par voie aérienne: Antonio Bernardino.)

Je suis enfin en Argentine où, après avoir reçu les collègues de la presse locale, avides de savoir les détails de l'accident auquel j'étais mêlé, je me suis recueilli à l'hôtel où j'ai rédigé ces lignes. Je suis fatigué mais je conserve encore tout mon enthousiasme pour le raid que j'ai entrepris. Les lecteurs du "Soir" vont connaître les détails du sinistre qui démontrent le courage héroïque de DELAUNAY, pilote du Laté 26 incendié et le motif de la grande exaltation populaire à FLORIANOPOLIS, où il est hopitalisé dans une chambre spéciale.

  Ce pilote français, qui figurait dans le cadre de la Compagnie Générale Aéropostale, d'entre ses compagnons le moins connu, a passé d'une heure à l'autre par sa bravoure au premier rang des as de l'aviation mondiale; car, en réalité, ils doivent être rares, ceux qui dont les cas d'abnégation comme celui démontré par le jeune aéronaute de 25 ans  (1-1↓ ) , qui possède déjà d'excellents antécédents, ayant figuré parmi les héros du Maroc: rien de tout cela, néanmoins, ne pouvait faire penser à un jugement aussi élevé.

Quant à son caractère et à sa bravoure; de son caractère, je dis bien, car, quand ce jeune aviateur s'est ouvert à moi sur son lit de douleur, après avoir réfléchi, il me dit d'un ton jovial et gavroche: « Quelle peur avez-vous eue, Monsieur ! ».
  Alors, mettant ma main sur son large front, je lui dis: « Je viens vous remercier de tant d'abnégation. »
  Mais alors le malade, durcissant sa physionomie, devant deux journlistes de Florianopolis, me dit que je n'avais nullement à le remercier, qu'il avait fait ce qu'il devait faire.
— Pourquoi me serais-je fait pilote ? Un aviateur doit être un brave; c'est ainsi, pour le moins, qu'on nous l'enseigne en FRANCE.
  Et il ajouta que, si mon compagnon Antonio Ferreira et moi avions péri dans l'avion qu'il commandait, son pays en eut été très affecté.
— Pour quelle raison? lui demandai-je.
  Parce que, me dit-il, la Compagnie Générale Aéropostale qui a triomphé pendant dix ans en Europe, n'admet parmi ses aviateurs aucun froussard; personne n'y entre sans donner des preuves de ses connaissances professionnelles. À la Compagnie Générale Aéropostale travaillent VACHET, MERMOZ, DOLE(T) (1-5↓ ) , THOMAS … et tant d'autres universellement connus, qui font honneur à l'aviation française.
 On sent que DELAUNAY, malgré sa jeunesse, possède, à propos de la responsabilité, une idée bien arrêtée et sûre car il est sincère quand il parle (1-2↓ ) .

L'Expectative du Désastre.
  Je ne veux pas avoir la prétention de décrire dans les couleurs qu'il faudrait, toute, la brillante épopée tracée par le pilote DELAUNAY; épopée qui doit rester comme une des plus saillantes dans ce siècle d'Aviation.
  Le Laté 26, que le jeune aéronaute pilotait, traversait à 7h30 une chaîne de montagnes, à une hauteur de 600 mètres. Nous étions alors à 80 km de FLORIANOPOLIS et déjà on apercevait au loin le pont de Hereillo Luz qui relie le continent à l'île où l'on a construit la capitale de Sainte-Catherine.
  Précisément au moment où l'avion arrivait au sommet de la montagne, le carburateur fit explosion, les flammes envahirent le poste de DELAUNAY qui dut lutter contre le feu. Le cinématographiste FERREIRA et moi, assistions impuissants à cette scène. Quelle scène ! moi, franchement, je ne m'aperçus pas tout de suite du péril; FERREIRA cependant, eut l'intuition du désastre et prenant une médaille de Notre-Dame de Lourdes qu'il portait dans une poche, il se transforma soudain. Cependant, DELAUNAY manœuvrait son avion; il volait en piquant vers la mer avec l'intention de chercher une plage pour atterrir. Il n'y avait en cet endroit aucun point propice.
  À ce moment, le LATÉ 26 naviguait à 300m d'altitude avec le moteur fonctionnant. Le pilote aperçut un bois à quelque distance et, coupant le moteur, s'y dirigea. L'appareil descendit vertigineusement, moteur arrêté et n'obéissant pas bien au gouvernail.

Delaunay s'extrait du poste de pilotage.
  À cette hauteur, le mécanicien Marsaud se couchant sur le fuselage, chercha à fermer l'essence, pendant que DELAUNAY sortait de son poste de pilotage. Nous avions l'impression qu'il allait se suicider. « Nous sommes perdus ! » s'écria FERREIRA. Moi cependant, non convaincu du péril, je souriais !

  La bravoure du Pilote. Prenant position en dehors de son poste, Delaunay qui avait la chair des mains absolument cuite, resta sur le côté gauche de l'avion, fixé dans l'espace à un support d'aile  (1-3↓ )  pour, de temps en temps, mettre la main dans le feu et manœuvrer le volant, imprimant à l'avion une direction sûre, pendant que MARSAUD cherchait à couper l'essence, ce qui me fit croire qu'il aidait à l'atterrissage qui, à la fin, fut tenté et réalisé par le pilote. Dans cette lutte titanesque, DELAUNAY est parvenu à gagner le bois, passant au-dessus d'une petite église. Moi, je me sentais déjà ébranlé, mais la présence de ce temple caché dans ce bois me redonna du courage et jamais je n'ai pensé à DIEU avec tant de sincérité.

Atterrissage
  Pendant ce parcours, DELAUNAY remit le moteur en marche deux ou trois fois pour que l'appareil ne tombe pas dans un endroit trop mauvais, parce qu'il en pouvait résulter la mort de tous les occupants.

La jambe droite du pilote qui était dans l'avion se cuisait dans le feu. Lui néanmoins ne sentait pas la douleur, et chaque fois que sa main touchait le volant, il y restait attaché un morceau de chair. Moi de loin je contemplais le tout, m'accrochant aux bords de l'appareil, les jambes ballantes afin de me garantir des chocs. Tout à coup le moteur s'arrêta et MARSAUD après de grands efforts, réussit à couper l'essence. Nous étions tous sauvés. Le feu cependant continuait et l'avion, hélice calée, descendait vertigineusement vers le sol la tête en bas.

Dernière manœuvre.
  N'importe quel pilote qui n'aurait eu la sérénité et le désintéressement de DELAUNAY, dans cette situation, ayant les pieds et les mains en plaies à vif, aurait laissé tomber l'avion la tête la première et la catastrophe aurait été inévitable; nous serions tous morts carbonisés.

  Le LATÉ 26 allait tomber dans cette position, mais le pilote, malgré l'état de ses mains, réalisa la manœuvre décisive, la dernière. L'appareil piqua du nez à environ 50 mètres du sol; DELAUNAY mit la main au volant, le redressa puis l'abandonna en criant d'une voix de stentor: "Attention". Une seconde après, l'avion touchait le sol en labourant la terre sur son passage. Nous étions tous indemnes, sauf le pilote qui avait été projeté à une certaine distance de l'appareil.

Les Pêcheurs.
  Je m'occupai immédiatement de secourir l'aviateur qui se roulait à terre tant ses mains et ses pieds brûlés le faisaient souffrir. MARSAUD, pendant ce temps, allait à l'ambulance de l'avion prendre des médicaments. Mais personne d'entre nous ne connaissait ces drogues et nous n'avons pu amoindrir les souffrances du malheureux pilote. Au bout d'un certain temps, un homme apparut qui courait vers nous; c'était le pêcheur Murigno Geraldo.
— Où sommes nous ? lui demandai-je.
Le pêcheur nous orienta et, s'attristant du sort de DELAUNAY, partit chercher un char à bœufs pour conduire le blessé au bord du canal, assez éloigné du lieu où nous nous trouvions.
— Là, nous dit Murigno, ces messieurs prendront mon canoé et iront à la forteresse …

Premiers secours.
  Je laissai Marsaud et Ferreira près de l'appareil et me transportai dans le canoé jusqu'à la forteresse de Anhato-Miria avec le brave DELAUNAY.
Le pauvre garçon geignait, couché ou appuyé à mon côté, provoquant des exclamations de pitié de la part des rudes marins.De temps en temps, DELAUNAY me demandait:
— Est-ce encore loin, la forteresse ?
  Je lui disais non pour le satisfaire.
La forteresse, cependant, était encore loin, et de longues heures nous en séparaient encore même avec l'aide du vent. Enfin, quand nous y arrivâmes; le docteur SA EARP, son commandant, allait sortir avec le canot à pétrole.
— Arrêtez ce canot, dis-je aux marins, nous allons avoir besoin de lui pour mener le blessé à FLORIANOPOLIS.
  Et nous descendîmes, les pêcheurs et moi, ainsi que le pauvre DELAUNAY qui ne pouvait marcher. Les marins, sur le quai, restaient stupéfaits. Personne pour nous aider ? Ils s'entre-regardaient et n'agissaient pas; peut-être par discipline. Nous avons fait appeler le commandant et lui avons demandé du secours. Le docteur SA EARP reconnut qu'il était médecin mais ne pratiquait pas et que le médecin et l'infirmier étaient à terre.
  Toutefois, il s'efforça de soulager l'aviateur; après avoir lavé ses blessures avec de l'acide picrique, il lui fit une piqûre de morphine. DELAUNAY ressentit une amélioration immédiate. Le docteur, très aimable, nous conduisit à FLORIANOPOLIS où, avec son aide, on admit le pilote à l'hôpital.

Dans l'après-midi du même jour, quand les journaux de FLORIANOPOLIS qui m'ont interviewé mirent la population au courant de la bravoure de Delaunay, le Président d'État l'a fait visiter à l'hôpital, et les personnes les plus importantes de la localité firent de même.

DELAUNAY est, en toute justice, un héros.

Signé: Antonio Bernardino (1-4↓ ) 


Origine et QR: 20/20, original du quotidien et de sa traduction par Ernest Delaunay, père d'Henri. Traité par OCR ABBYY FineReader 9. (1-6↓ ) 
Henri Delaunay en convalescence - 1928 ou 29


Image: Henri Delaunay, le Pilote-aux-Mains Brûlées, pendant sa convalescence et rééducation. (img: HD-PiloteMainsBrulees-2 et HD-PMB2nb.jpg)

Survolez l'image avec la souris puis replacez-la avec les flèches. Observez les mains du pilote sauvées par un chirugien allemand malgré le pessimisme du corps médical, à l'hôpital de Florianopolis. Ô combien merci à ce chirurgien digne des Saints Côme et Damien ! Comme nous aimerions savoir son nom !
Ci-dessous, deux héros fêtés: le mécanicien Marceau (Marsaud?) et Delaunay, au centre.



xxxxx
Ce jour-là, Delaunay aurait pu dire: « Ce que j'ai fait, peu d'hommes l'auraient fait !»
Le "webmestre: CJ"


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Notes section 1:   ( Sauter les notes de section 1 )
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1-1.- ↑  Henri Delaunay (1904 - 1965). Nb du webmestre: j'ai cru devoir conserver la traduction originale en Français de l'article écrit en Portugais. La Correctrice, Nicole J. propose la rédaction suivante; à vous de la copier/coller dans votre document .pdf: « Ce pilote français, qui figurait dans le cadre de la Compagnie Générale Aéropostale, d'entre ses compagnons le moins connu, est passé d'une heure à l'autre par sa bravoure au premier rang des as de l'aviation mondiale; en réalité, ils doivent être rares, ceux dont l'abnégation démontrée par le jeune aéronaute de 25 ans  (1-1↓ ) , qui possède déjà d'excellents antécédents, ayant figuré parmi les héros du Maroc; rien de tout cela, néanmoins, ne pouvait faire penser à un don de soi aussi généreux ». Correction, il est vrai, bien plus légère…
1-2.-↑ "possède": dans le texte original: "a" ("a, à" hiatus)
1-3.-↑ "support d'aile": imprécis; est-ce un hauban, un mât, un câble de triangulation, la marche d'accès    (nb: ici, l'avion est un "monoplan" Latécoère Laté 26) ?
1-4.-↑  NB: Citation de « Manuel » mais signé « Antonio » Bernardino
1-5.-↑ Gabriel Thomas (1896-1976); Paul Vachet (1897-1964); Jean Mermoz (1901-1936); Dolet: non trouvé sur Wikipedia.org: Liste des pilotes de l'Aéropostale. Peut-être: Pierre Deley (1893-1981)
1-6.-↑ Recopie et Mise en forme par Christian Jodon, neveu d'Henri; avec ses excuses d'avoir pris de rares libertés avec la ponctuation d'origine; cf les originaux … Comprendre aussi la difficulté du traducteur (de 1928).
- HD-HenriDelaunayFlorianopolis4.odt - D'après henri2a.jpg, copie de l'original du journal "A Noite" fournie par Grégoire Delaunay, petit-fils d'Henri, (et la suite henri2b.jpg) …

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Florianopolis raconté par Delaunay

Extrait condensé du livre d'Henri présenté par son épouse Simonne: "Araignée du Soir"
Chapitre du même nom, pages 194 à 216.
Editions France-Empire; 68 r. JJRousseau, Paris-1er


Araignée du Soir; dédicace de Simonne à Lucie, mère du pilote - 1968
  

Henri avait, sur la fin de sa vie survenue lorsqu'il n'était que dans sa soixante-et-unième année, écrit une biographie de la passionnante odyssée que fut sa vie. Il mourut sans la faire paraître. Par chance, son épouse dévouée la fit editer en œuvre posthume chez France-Empire, encore valorisée par une belle présentation de Joseph Kessel. 








Araignée du soir: espoir ? Note du Webmestre: La Compagnie Générale Aéropostale dite "Aéropostale" de Marcel Bouilloux-Lafont (2-1↓ )  encourage - à coup de primes - ses pilotes d'Amérique du Sud, à "brûler les étapes" pour rendre toujours plus rapide l'acheminement du courrier (Voir les documents que nous produisons plus loin). En effet, les sociétés concurrentes - allemande, américaine - guettent les faiblesses et jubilent … Dans ces conditions, comment peut-on imaginer que des jeunes gens de vingt ans ( Delaunay a 23 ans lors de l'accident de Florianopolis ) n'entrent pas, d'enthousiasme, dans un "jeu exaltant" où chacun d'eux voulait être celui qui irait le plus vite, le premier ? Il règne donc dans l'équipe des pilotes "trompe-la-mort" (2-2↓ )  - les anciens sont parfois des cracs de 14/18 - une émulation qui ne saurait s'analyser - comme nous-autres, vils "rampants" aurions-nous tendance à le faire  - comme une jalousie malsaine à l'encontre des "chefs de file" … En l'occurence, le 6 mai 1928, Delaunay a été choisi pour tenter la première liaison nocturne de Rio de Janeiro à Santos (carte plus loin). Bien sûr, c'est avec excitation qu'Henri se lance dans cette nouvelle conquête. Avec aussi, dans un coin du cœur, une certaine appréhension … De plus, au moment de s'endormir, surgit à deux pas de son lit une énorme araignée; il tente de l'écarter sans grand succès. Résigné à la supporter, il se rappelle un dicton que sa mère, Lucie Delaunay, lui répétait parfois dans le cellier de Montgrésin rempli d'effluves de chêne et de toiles d'arachnides: « Araignée du soir: espoir !». Serait-ce de bon augure ? Il lui laissera la vie. Lui sauvera-telle la sienne ? La suite, qui donne le frisson, lui rappellera-t-il une autre maxime, celle du patron Didier Daurat: « Avoir la Chance ?» Fin de la Note du Webmestre.

Première liaison de nuit: de Rio-de-Janeiro à Santos, vers
  Porto-Alegre et Buenos-Ayres.


Invention du réservoir supplémentaire. Ci-dessous, les textes sont d'Henri Delaunay (en bleu); les "condensés ou raccourcis" du Webmestre seront signalés par "(NduW) et de couleur marron"; les "coupures" sont marquées par: (…) :


  On me présenta des Brésiliens et tout spécialement l'opérateur de cinéma Ribeiro, ainsi que le journaliste Bernardino, qui allaient être nos passagers. Bernardino parlait parfaitement le français et, contrairement au cinéaste qui semblait soucieux, il bavardait beaucoup. (…)

  C'est qu'en effet, volant de nuit, nous n'allions pas pouvoir nous poser à Santos au bout de trois heures, comme nous le faisions d'habitude. Notre réservoir ne contenant guère plus de cinq heures d'essence, et le vol que nous allions entreprendre pouvant nous faire tenir l'air beaucoup plus longtemps, il avait fallu bricoler un peu... Quand je pense aux interminables échanges de correspondance nécessaires maintenant pour changer la position d'un cendrier dans un « aéroplane », l'aviation d'aujourd'hui me fait l'effet d'une douairière austère que j'aurais connue fille de joie...

  On nous avait donc soudé un tuyau sur le bouchon de réservoir qui émergeait au-dessus du plan, puis, à grand renfort de colliers et de fil de fer, on avait amené ce tuyau jusqu'à l'habitacle arrière, pavé, pour la circonstance, d'une vingtaine de touques (2-3↓ )  d'essence. C'est installé sur celles-ci et les crevant au fur et à mesure des besoins que Marceau, armé d'une pompe à main, allait pouvoir envoyer près de quatre cents litres supplémentaires au moteur. Nous n'avions pas eu le temps d'essayer l'installation en vol, mais nous devions tenter le transfert d'un bidon dès le début du voyage, pour pouvoir faire demi-tour en cas d'insuccès. (…)


(NduW: le temps est mauvais, le terrain détrempé; Pranville, le responsable de la CGA, hésite à donner le feu vert; Henri qui a été choisi parmi d'autres a la fierté de partir quand même. C'est une chance de montrer son courage: on était au tout début des vols de nuit. Ci-après, Henri parle de Pranville; et de son mécanicien de bord: Marceau:)

  Je suis sûr, maintenant, que mon intelligent chef n'avait aucune illusion sur ma fausse assurance. Cependant, habitué aux nécessaires audaces, talonné par l'obligation d'entretenir l'enthousiasme de nos amis sud-américains qui nous avaient fait confiance, il devait lutter contre ses scrupules. Nos machines commençaient à fonctionner régulièrement, mais elles ne pouvaient que continuer à faire du cent soixante à l'heure, et nous plafonnions, quant à la vitesse d'acheminement du courrier (2-4↓ ) . En attendant que des avions remplacent les bateaux sur le tronçon Atlantique, voler de nuit était le seul moyen de déclencher un nouveau bond en avant. (…)

  J'allais perdre un temps précieux à améliorer mon éclairage, tout en décrivant des orbes au-dessus de la cité (Rio-de-Janeiro, alors capitale du Brésil). J'enroulai, tout d'abord, mon mouchoir autour de la maudite ampoule qui continuait à me gêner, mais quand ce fut fait, je ne voyais plus la boussole qu'on m'avait hâtivement installée entre les jambes, au-dessous de moi. Un laborieux échange de hurlements avec Marceau me mit en possession d'une lampe de poche à la lueur tamisée, elle aussi, d'un chiffon. (…)

  Après un regard de regret au fastueux étincellement de la ville, je mis le cap vers l'est avec l'intention de suivre le dessin tortueux du rivage qui m'obligeait, dès le départ, à un grand détour. Au bout de trois minutes, je dus éteindre complètement ce qui me restait de lumière sur le tableau de bord, et, malgré cela, je ne voyais aucun feu au sol, aucune étoile au-dessus! J'étais atterré : c'était un noir parfait, défiant tout espoir de s'y reconnaître. Comme pour mettre un comble à mon désarroi, le coup de martinet sonore d'une giclée de pluie fouetta soudain mon pare-brise (…)

  — On transvase? m'interrogeait pourtant la voix rassurante de Marceau.   Bien sûr qu'il fallait, sans plus tarder, essayer de vider un bidon ! Le malheur c'est que je ne pouvais me séparer, sans danger, de la lampe de poche du mécanicien que j'allumais à tous instants pour pouvoir conserver mon cap. Acculé à la nécessité de me débrouiller, je demandai un tourne-vis à mon équipier. Tout en essayant de ne pas trop dévier de ma route, j'arrachai d'abord le support de l'ampoule éteinte placée devant les instruments, puis, je libérai facilement son fil de ses attaches. Au bout d'un instant, le minuscule projecteur, enveloppé de mon mouchoir, pendait entre mes jambes, juste au-dessus de la boussole, et il allait pouvoir me servir, de temps à autre, pour éclairer de près le tableau de bord. Impatient d'être fixé sur le fonctionnement de notre alimentation supplémentaire, je rendis définitivement sa lampe au mécanicien. (…) Bientôt une forte odeur d'essence m'indiqua, plutôt trop généreusement, qu'on entrait dans le vif de l'opération ravitaillement. (…)
  — Ça fuit un peu, mais ça marche au poil! me rassura alors Marceau, satisfait de son pompage. (…)

  Quand nous débouchâmes une nouvelle fois dans une atmosphère pure, j'eus l'impression d'une brusque immobilité sereine. J'avais provisoirement gagné la partie! Ma route n'était plus encombrée que par d'inoffensives petites baudruches bleuâtres, dont les mols contours trouvaient je ne sais quel accord avec le velours du ciel, pour mettre en valeur l'incisif appel de la Croix du Sud. Au-dessous de la lune, un peu rapetissée par l'immensité du ciel libre, la mer déroulait jusqu'à moi une voie scintillante.

  Je m'apercevais maintenant que j'avais froid dans mes vêtements mouillés, mais je pouvais boire avec délice à même le thermo de café brûlant que le journaliste venait de me passer. Une forte odeur d'essence m'indiquait que Marceau profitait du clair de lune pour sacrifier un nouveau bidon. J'appuyais un peu vers l'ouest afin de retrouver la côte invisible. (…)

  A partir de ce moment, je suivis très facilement la frange de presqu'île qui me menait à Santos. Jusqu'à cette ville, à part mon phare marin, je n'allais voir aucun feu. En 1928, les villes brésiliennes étaient encore aussi isolées les unes des autres que des oasis dans le Sahara. (…)

  Il est plus de six heures et j'attends le jour sans trop d'impatience, car le temps reste étonnamment beau. Je suis à une altitude de mille mètres. (…) Je ne doute plus, à présent, du succès de notre tentative, mais, comme il n'est pas de bonheur parfait, mon expérience toute neuve me fait déjà vaguement appréhender les prochains vols de nuit sur ce secteur. Cependant qu'un imperceptible voile laiteux, annonciateur du jour, ternit les étoiles, je lutte contre le sommeil.

  Depuis Santos, en somme, je n'ai plus rien à faire. La lune éclaire suffisamment les instruments, et bien plus qu'il n'est nécessaire pour que je puisse suivre la côte. Le ronronnement du moteur est tranquille comme celui d'un chat assoupi. Je m'ennuierais presque si l'aiguille de mon « mano » d'huile n'essayait de me faire croire à une baisse de pression...

  « Bah... s'il fallait s'inquiéter du moindre caprice des instruments!... »
Et puis, la dernière fois que j'ai signalé le même « pépin », on m'a parlé d'un mauvais fonctionnement de je ne sais quel mystérieux clapet! Une explication assez obscure mais qui, peut-être à cause de cela, m'a paru rassurante. Comme, de toutes façons, je ne saurais pas plus empêcher cette petite aiguille de virer dans le mauvais sens que la terre de tourner dans le bon, le plus sage est de penser à autre chose.

  J'ai un peu de migraine à cause de l'odeur du carburant que Marceau repousse laborieusement jusqu'au réservoir. Heureusement qu'après Florianopolis, nous reprendrons une alimentation normale. Nous serons alors débarrassés de nos bidons, vides de liquide mais pleins de vapeurs dangereuses, que la crainte d'abimer l'empennage nous empêche de jeter par-dessus bord.

  Mais voici le jour qui se lève, il me semble, sur une des plus radieuses journées que je n'ai vues dans ces parages. (…) C'est l'heure où je devrais normalement décoller de Rio et, si l'aspect de la côte ne me trompe pas, nous avons très bien « marché ». Nous sommes à moins d'une demi-heure de Florianopolis, où nous n'arrivons d'habitude qu'à l'heure du déjeuner. (…)

  Je me retourne pour demander à Marceau s'il ne lui reste pas du café, mais je vois mon équipier, le buste dans le vent, et tendant le cou vers mon tableau de bord.
  — Pression d'huile ! ? me crie-t-il, instinctivement désireux de se délester de son inquiétude à mon profit. (…)

  Avec une rapidité habituelle sous ces latitudes, le plein jour que j'ai tant attendu s'installe fastueusement. (…)

  Nous sommes descendus à une altitude de cinq cents mètres, mais je ne veux pas me rapprocher du sol davantage. Je préfère avoir le temps de « voir venir » en cas de panne, car, depuis deux minutes, nous ne pourrions plus profiter d'une plage. Pour la première fois depuis Santos, nous avons abandonné la côte pour couper au plus court, par l'intérieur d'une vaste langue de terre.

  Le moteur tourne toujours aussi bien, mais si la température de son eau a peu monté depuis que nous sommes à cinq cents mètres, celle de l'huile augmente beaucoup plus que le motiverait notre descente dans une zone d'air moins froid. Je ne peux plus me dissimuler qu'il se passe quelque chose (…) lorsque je tressaille jusqu'aux orteils !

  Tout est fichu! . ... Le moteur s'empêtre dans ses bielles! C'est devant moi, tout à coup, comme l'arrivée d'un tombereau de pavés dans un concasseur et, en même temps que je coupe l'allumage, une explosion écarte les tôles du capot : Nous flambons !

  C'est un peu comme lorsque, dans un cauchemar, les sentiments d'horreur sont amortis par une sousjacente résignation; j'admire deux secondes, stupidement, une première longue flamme extérieure qui s'étire doucement, à droite, jusqu'à mon poste. Instinctivement, pourtant, j'ai tourné complètement le volant à gauche pour amorcer une glissade de ce côté. Je ressens une première brûlure au pied, qu'il me faut pourtant appuyer de toutes mes forces sur le palonnier, pour empêcher l'avion de partir sur le nez. Autour de mon aile, presque verticale, le sol terriblement lointain commence à tourner...

  Le feu qui ronfle déjà comme une lampe à souder, me fait mal aux chevilles et aux doigts à hurler... et c'est peut-être ce que je fais ! Toutes les trois secondes, un réflexe hystérique envoie ma main libre à la recherche de la commande d'extincteur, mais celle-ci est invisible, dans un jet ardent et fumeux qui semble alors me rebrousser les ongles. Le sinistre prend trop d'extension pour ne provenir que des vapeurs d'huile s'échappant du moteur défoncé; les arrivées d'essence aux carburateurs doivent être à présent dessoudées... J'ai l'impression qu'un abîme gigantesque nous sépare encore de la terre, et que le stupide brasero auquel nous sommes attachés est affranchi de la pesanteur... « Mais descends bon Dieu! glisse, glisse!... » Je voudrais pouvoir fermer le robinet de sortie du réservoir de carburant qui est au-dessus de ma tête, mais aussitôt que je lâche les commandes pour tenter de le faire, la glissade s'arrête, l'incendie m'aveugle, me coupe la respiration, et malgré moi, je reviens précipitamment à ma position initiale. Quand tombe contre mes genoux, le restant de la tôle « pare-feu » qui me sépare du moteur, une bouffée de flammes monte jusqu'à ma figure. Je ne sais si mes lunettes ont claqué mais je ne vois plus rien; je ramasse mes pieds, passablement rôtis, sur le siège et m'y accroupis, le cœur aussi petit que celui d'un rat que l'on brûle dans son piège. Comme cette position n'a fait que ramener le volant vers moi, mon appareil remonte dans le ciel... La vitesse tombe en même temps que le grondement de l'incendie diminue; mais ça ne peut malheureusement s'éterniser ainsi. Tandis que dans une lourde abatée, nous piquons soudain comme si nous n'avions plus d'ailes, le brasier se remet à tellement ronfler que je n'ai plus le courage de replonger les pieds jusqu'au palonnier. Ce renoncement frôle la panique. Sur le volant rebloqué à gauche, mes doigts sont soudés par une crispation animale, mais sans savoir comment, je me retrouve subitement hors de la carlingue, une jambe aspirée par le vent, et un soulier vaguement arc-bouté sur le marche-pied d'accès de mon cockpit. Suspendus à mes mains dont l'intérieur est encore bon, je maintiens ainsi l'avion dans une spirale « vaseuse », de plus en plus semblable à une chute, mais qui rejette toujours les 'flammes sur la droite, de l'autre côté du fuselage. C'est alors que, toujours comme dans un cauchemar idiot, je vois le mécanicien tout près de moi, fermant le satané robinet d'essence. Marceau nous sauve tout simplement la vie, mais sa ballade à l'extérieur du fuselage m'étonne moins que la constatation de son existence! Les tréfonds de mon intellect sens dessus-dessous l'avaient depuis longtemps condamné au milieu de ses bidons explosifs.

  Dans un saoulant tournoiement, pourtant, le sol s'est précipité vers nous! La vue des cimes toutes prêtes à nous cueillir me rejette dans le poste un peu moins encombré des flammes. Le pare-brise est totalement noir, mais je vois une ombre de feuillage passer très près sur le côté. Cela me fait ramener violemment le manche vers moi et notre grande vélocité nous fait remonter en flèche. Je me tortille désespérément, pour y voir malgré la fumée et, aussi, parce qu'une jambe de mon pantalon brûle. Lorsque j'ai ramené notre course au ras des obstacles, il me semble que l'avion n'en finira jamais de perdre sa vitesse. Mes chevilles mijotent. Je change mécaniquement de main sans arrêt, mais leurs brûlures sont trop fortes et je ne sens plus la commande... Enfin, l'appareil se freine! enfin, il ne m'obéit plus que tout juste assez pour que j'évite un premier arbre! Aussitôt ceux qui suivent grossissent devant mes ailes comme si je les regardais brusquement à travers une loupe... C'est en serrant le volant contre moi avec les avant-bras, que j'accueille le tonnerre que font des branches en se cassant, et les morceaux de mon aéroplane en prenant le maquis!... Ejecté du fuselage, je suis deux ou trois secondes aussi libre et léger qu'un ange, mais aussi violemment que j'ai désiré le contact du sol, j'en ressens la dureté !... Je dois rebondir plusieurs fois, car je reçois des gnons de tous côtés. Une peur irraisonnée me remet sur les jambes et je cours, je cours comme si le feu allait me rattraper, je cours (…)

  Ils sont tous les trois, un peu fripés, mais bien debout sur leurs pieds, et désespérés de ne pouvoir me soulager. (…) Beaucoup, beaucoup plus tard, (…) on entretenait, sans marchander, ma voluptueuse prostration à coup de morphine.

«... Etre adroit, fonceur, et surtout : ne pas avoir la poisse »
«… Les trois qualités exigées par le Patron …»
 (2-5↓ ) 

Accident Delaunay à Florianopolis - 7 mai 1928



Henri en convalescence avec sa sœur Giselle - 1928 ou 29 à Pierrefitte
 

Les Stabilos de Mémé Delaunay …
Il ne fallait pas, quand on était poupon, se risquer à tâter des crayons Stabilo de mère-grand Delaunay. La mère d'Henri était parfaitement douce mais elle savait faire acte, à grands cris, d'une imparable autorité. Enfin ! toutefois avec des bébés en bas âge … Elle avait 47 ans lors de l'accident grave d'Henri le 7 mai 1928. Nous l'avons toujours connue en possession d'un vieil appareil Kodak "boîte à savon", dépourvu de tous réglages, avec lequel son bon goût autant que l'efficacité de ce 6x11 de grande marque - à condition d'avoir le soleil dans le dos !- elle a su réaliser de belles photos. Lorsqu'en 1933 et les années suivantes, elle prit plaisir à utiliser les Stabilos pour colorier des photos d'alors - en noir et blanc - elle nous a laissé de précieuses icônes: ici, par exemple, ce sont ses deux enfants, Henri et Giselle. La signature de Mémé est en bas à gauche: c'est sa silhouette … Lucienne dite "Giselle" était notre mère, Henri notre oncle, à nous les mioches: Christian et Nicole Jodon. Aujourd'hui, Giselle tire de sa collection un Henri dont elle nous dit qu'il était près d'elle, en convalescence à Pierrefitte-sur-Seine, au 2 rue Jeanne d'Arc, en 1928. Il est difficile de juger de l'état de la main droite visible du pilote. Pas de pansements; serait-ce plutôt en 1929  ? Si la datation est bonne (QR: 15/20), le recroquevillement de la main est caractéristique de son état pitoyable. Celle-ci est demeurée "en crochet" tout le restant de sa vie. Nous avons connu notre oncle surtout après 1944, à son retour de la R.A.F. où il avait réussi 34 bombardements sur l'Allemagne hitlérienne. Il avait aussitôt repris ses longs-courriers sur Air-France … Avec ses mains brûlées, atrophiées !

Stabilo, c'était quoi ? Extrait de leur site.

1855: Schwan-STABILO puise ses origines dans une petite usine de crayons à papier de Nuremberg en Bavière allemande, "Grossberger und Kurz". C’est là qu’en 1855, alors que tous les fabricants de crayons œuvraient encore à la main, la fabrication mécanique de crayons noirs a commencé. 1930: la crise économique mondiale marquera l’histoire de l’usine. C’est à ce moment là, que les nombreuses gammes de crayons seront divisées en trois catégories, selon leur qualité. Stabilo, pour les clients les plus exigeants. Othello, les crayons populaires qui fidéliseront les très nombreux utilisateurs. Swano, les crayons noirs non toxiques destinés aux enfants et les premiers crayons aquarellables. Pour les curieux: — Histoire de Stabilo

Araignée du Soir; Delaunay sort d'un grain

Ci-dessus:
Henri Delaunay, au manche d'un Latécoère Laté 26, tente de faire progresser la rapidité du courrier en exécutant l'un des premiers raids nocturne et en "brûlant" une étape. Au matin, ayant subi un grain violent, il débouche dans le calme et voit déjà Florianopolis. Les quatre hommes vont réussir: le patron sera content. Hélas …! Le Latécoère "Late 26" manque d'huile: l'embiellage lâche et s'ensuit l'incendie … Vont-ils mourir carbonisés ?
Dessin d'après photo d'époque par Christian Jodon, neveu d'Henri - Image zoomable x3fois: posez la souris dessus et tapez "flèche droite"
Que dit Delaunay de ce moment magique qui précède le drame:
« Mais voici le jour qui se lève, il me semble, sur une des plus radieuses journées que je n'ai vues dans ces parages. (…) C'est l'heure où je devrais normalement décoller de Rio et, si l'aspect de la côte ne me trompe pas, nous avons très bien « marché ». Nous sommes à moins d'une demi-heure de Florianopolis, où nous n'arrivons d'habitude qu'à l'heure du déjeuner. »

——————
 Notes de section 2:   ( Sauter les notes de section 2 )
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2-1.- ↑  — Article Aéropostale de Wikipedia
Bref extrait: Compagnie générale aéropostale: La Compagnie générale aéropostale est une compagnie aérienne française. D'abord sous le nom de Société des lignes Latécoère en 1918, puis de Compagnie générale d'entreprises aéronautiques (1921-1927), l'idée d'une ligne aérienne transatlantique consacrée au service postal mais aussi au transport de passagers, rêvée par Pierre-Georges Latécoère, se réalise au fil des années 1920 sous l'impulsion de Marcel Bouilloux-Lafont, repreneur de « la Ligne » sous le nom de Compagnie générale aéropostale en 1927. Suite à des problèmes financiers, la compagnie est mise en liquidation judiciaire en 1931 et ses actifs sont repris par l'État français en 1933 au sein d'un nouvel ensemble dénommé Air France.
Historique: Lignes Aeriennes Latécoère, c.1918. L'Aéropostale est fondée fin mars 1927. Marcel Bouilloux-Lafont maire d'Étampes (1912-1929), conseiller général de Seine-et-Oise (1919-1932) crée la Compagnie Générale Aéropostale, plus connue sous le nom d'« Aéropostale » en achetant 93 % de la C.G.E.A (Compagnie Générale d'Entreprises Aéronautiques) de P.G. Latécoère qui faute de moyens financiers, renonce à son projet, relier la France au Chili.
2-2.-↑ — Le pluriel des noms composés: Pour tout savoir sur la règle Le pluriel des noms composés.
... -des trompe-la-mort (qui échappent à la mort); -des prie-Dieu (il n'y a qu'un Dieu). - La conjugaison.fr - la-conjugaison.nouvelobs.com
— ou, entre autres: — Pour tout savoir sur la règle du pluriel des noms composés.
Pluriel des noms composés commençant par T:  …une trompe-la-mort  …des trompe-la-mort  … www.gilles-joyeux.fr/... Pluriel des noms composés commençant par T - Gilles Joyeux
2-3.-↑ — Lexilogos: Cnrtl/Cnrs/Atilf
Touque, subst. fém.: Récipient métallique destiné à la conservation et au transport de divers produits (poudres, pâtes, liquides). Origine obscure; peut-être du provençal touco « vase en terre grossière » (avéré en 1864 ds Mistral), par extension de tuco « courge » (Mistral), à rattacher à un radical pré-indo-européen: tukka « courge ».
2-4.-↑ Comme dit plus haut: "En effet, les sociétés concurrentes - allemande, américaine - guettent les faiblesses et jubilent … Dans ces conditions, comment peut-on imaginer que des jeunes gens de vingt ans ( Delaunay a 23 ans lors de l'accident de Florianopolis ) n'entrent pas, d'enthousiasme, dans un "jeu exaltant" où chacun d'eux voulait être celui qui irait le plus vite, le premier ?" Aujourd'hui, et depuis les outrances de Mai 68: comme ce cependant joli: "Sous les pavés la plage" ou le stupide: "Il est interdit d'interdire !", l'école publique est devenu le lieu de l'apprentissage de l'anarchisme et de l'émulation par le bas. Le héros de la classe est désormais le cancre du fond de la classe, près du radiateur. Celui qui est le premier un "adulte prématuré": premier à fumer, premier à se droguer, premier à oser insulter les enseignants, premier à se révolter contre les lois de la République, etc … Mais dans l'entre-deux guerres (1918 à 1939), fiers de leur pays vainqueur, fier de le servir, fiers d'être des modèles, des "parangons" de courage et de moralité, il régnait une "émulation par le haut" parmi les jeunes Français … Aujourd'hui, les imbéciles formés à l'école du ruisseau si ce n'est celle du crime, ne comprennent même plus que des jeunes de vingt ans puissent aspirer à être un modèle de réussite sportive, de courage et d'abnégation. Il prennent ça pour une compétition vaniteuse et mesquine ! C'est pourquoi il est tellement important de montrer à nos enfants, tout neufs et pleins de tendre "bonne volonté", l'exemple d'hommes qui, restés par modestie dans l'ombre, et quoique que mal célébrés par des médias où règne universellement la violence, le mépris, l'orgueil et la haine, que des hommes comme Henri Delaunay ont honoré leur pays, la France, en la faisant rayonner jusqu'au bout du monde. (Note du Webmestre)
2-5.-↑ Et celui que ces jeunes héros appelaient respectueusement "le Patron" c'était un ancien de la chasse aérienne de 14/18: Didier Daurat.
— Didier Daurat dans Wikipedia
Bref extrait: Didier Daurat, né le 2 janvier 1891 à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et mort le 2 décembre 1969 à Toulouse (Haute-Garonne), est un pionnier de l'aviation française, figure marquante de la grande aventure de l'Aéropostale. Pendant la Première Guerre Mondiale, il est d'abord fantassin, et participe dans des conditions terribles à la bataille de Verdun. Passé dans l'aviation, pilote de reconnaissance, puis de chasse, il se distingue en repérant le canon à longue portée dit la Grosse Bertha qui pilonne Paris. Après la guerre, il entre aux lignes aériennes Latécoère (qui deviendront l’Aéropostale, puis Air France) où il est d'abord pilote puis directeur d'exploitation. Quand Mermoz se présente et fait une éblouissante démonstration de pilotage à Toulouse, Daurat lui dit : "Je n'ai pas besoin d'artistes de cirque mais de conducteurs d'autobus.On vous dressera" ! Cependant, convaincu malgré lui par son adresse de pilote, il l'engage quand même... d'abord pour nettoyer les moteurs. (Note du Webmestre: La suite est passionnante; allez-y voir vous-même. Wikipedia est une manne (2-6↓ )  et une bénédiction pour les "bons élèves" )
2-6.-↑ —&8195;Lexilogos: Cnrtl/Cnrs/Atilf:
Manne, subst. fém.: [P. allus. à la Bible] Nourriture providentielle que Dieu envoya aux Hébreux pendant la traversée du désert. Ces enfants de Jacob, premiers nés des humains, Reçurent quarante ans la manne de tes mains (Lamart.,Médit.,1820, p. 244).Il est écrit que la manne prenait le goût de toutes les viandes que les Israélites désiraient (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 1, 1840, p. 473):

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Risquer sa vie pour acheminer des lettres !


" Un jour, (Saint-Exupéry) attira Henri Delaunay à part et lui posa cette simple question qui resta d'ailleurs sans réponse: En vertu de quel sentiment risquons-nous, parfois, si facilement notre vie pour acheminer des lettres ?"
Gilbert Ganne, journaliste à "L'Aurore", montre là, le 3 juillet 1968, qu'il a été l'un des plus attentif à comprendre dans quelles conditions des jeunes Français de vingt ans ont pu, pour des sacs de courrier, tomber en grand nombre sur les lignes de l'Aéropostale. Un recensement de cent vingt-huit morts et disparus des Lignes Latécoère et de l’Aéropostale a été publié par Jean-Pierre GAUBERT dans "Cavaillès, Compagnon de Mermoz".

Éditeur: Edition Loubatieres.
Contact: contact@loubatieres.fr

 

Voici un passage de l'article de Gilbert Ganne (3-1↓ ) :  ("L'Aurore; 3 juillet 1968")
((NduW) : ci-dessous, en bleu: les citations; en brun - sauf article immédiatement ci-après - article du webmestre: CJ)


 « Aux alentours des années 1930, les compagnons d'Henri Delaunay se nommaient Mermoz, Guillaumet et Saint-Exupéry. Ils rivalisaient d'émulation pour gagner quelques heures sur l'acheminement des sacs postaux et ne pas décevoir le « patron » Didier Daurat qui, de son Q.G. de Toulouse, contrôlait d'un œil d'aigle les opérations. Un chapitre nous montre ces jeunes hommes, qui ne savaient pas encore qu'ils seraient des héros, s'amusant au Cap Juby comme des gosses,« ainsi que cela se passe généralement dans une réunion d'hommes latins affranchis de l'impitoyable surveillance de la femme ».
 « Un peu à l'écart, sous une volute de fumée blonde, avec, pour seul vêtement son pantalon de méhariste. Mermoz se livrait souvent à son occupation favorite : les mots croisés. !»
Il avait un appétit d'autant plus extraordinaire que sa silhouette n'en souffrait pas. Il le devait, affirmait-il, à son ver solitaire. Guillaumet. lui, aimait poser des charades à Saint-Exupéry qui disait: « C'est idiot » d'un air si attendri qu'il provoquait l'hilarité générale. Déjà, il était tourmenté par les problèmes qui allaient alimenter son œuvre. Un jour, il attira Henri Delaunay à part et lui posa cette simple question (…): « En vertu de quel sentiment risquons-nous, parfois, si facilement notre vie pour acheminer des lettres ?»

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 Nous découvrons ici que ces grands adolescents se posaient bien eux-mêmes la question: « Mais qu'allais-je faire en cette galère ! Pourquoi risquer ma vie pour quelques sacs de courrier ? »

 Delaunay, était plein d'humilité dans l'ombre de son gigantesque ami, lequel écrivait déjà, à Cap Juby: « Mais si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée » ou mieux encore: « L'intelligence ne vaut qu'au service de l'amour ! » (3-2↓ ) . Henri n'était-il pas le fils d'un cultivateur devenu mécanicien et d'une fille baptisée par l'Assistance Publique ? Mais tout écrasé qu'il fût par la culture du "comte de Saint-Exupéry", son frère d'arme, il répondit bien à la question du "Petit Prince" de l'escale du Sahara espagnol (3-3↓ )  Il faut lire son récit de l'auto-analyse qu'il avait dû faire devant Saint-Ex pour comprendre à quel point ces géants étaient pudiques et modestes. Au passage, il fait un utile portrait d'Antoine …

Henri Delaunay, géant modeste à l'ombre de Saint-Ex.

Extrait de son récit: "Araignée du Soir" pages 65: "Aile à Aile avec Mermoz".
Les sous-titre bleus sont du Webmestre, pour la clarté.

Comme tous les êtres qu'une intense vie intérieure isole
un peu des autres, notre passionnant ami charmait par la fraîcheur de ses sentiments et la spontanéité de son comportement en toutes circonstances. Nous sommes presque tous, heureusement, différents de l'image que nous nous croyons obligés d'offrir à autrui. C'est parce que nous n'avons pas assez de personnalité pour rester nous-mêmes, pas assez d'indépendance pour résister aux modes, aux usages, à la paresseuse habitude de copier, que nous devenons des hommes standardisés, artificiellement cyniques et blasés.
 Saint-Exupéry, lui, pouvait parfois sembler ingénu, mais sa naïveté avait de l'éloquence; il devait la cultiver instinctivement, parce que la meilleure façon de s'exprimer est d'être simple, et qu'il ne semblait vivre que pour avoir à exprimer.
 Je me souviens du dépannage d'un Latécoère que nous effectuâmes ensemble, en pleine canicule, sur la plage de Valencia.

La Visite de Valencia

Nous étions partis d'Alicante …
 

   …la veille et, quoique ayant roulé toute la nuit, nos deux mécaniciens se mirent au travail en arrivant, à dix heures du matin. Pour ma part. j'aurais préféré dormir sous le plan de l'avion, bercé par le bruit du ressac, mais mon camarade voulait absolument visiter la ville.
 Entre un soleil impitoyable et la poussière des chemins, il me traîna donc de tristes cathédrales à de vieilles cha­pelles, et de façades lépreuses à des fortifications vétustes. Les mendiants et les mouches m'exaspéraient. Je ne comprenais pas Saint-Exupéry. Toutes ces avenues presque désertes à cause de la chaleur, tous ces vieux murs éblouissants, ces ruelles silencieuses, ces monuments sans relief sous une lumière verticale, me paraissaient insipides. Une échoppe ne put nous offrir que de la bière tiède et je ne savais si l'eau des fontaines était potable. J'admirais cependant qu'on puisse aussi parfaitement perdre son temps en Espagne et je ne cachais pas ma mauvaise humeur.

 Ce fut seulement à Alicante, le soir même, que je découvris Valencia, lorsque nous fûmes attablés pour dîner chez « Pepita », en compagnie de mes chers Gambade et Meresse, ainsi que d'autres navigants de la ligne d'hydravions monomoteurs qui nous reliait alors à Oran. Quand Saint-Exupéry, tranquillement, mais peut-être malicieusement (à cause de moi) se mit à décrire ce qu'il avait vu dans la capitale des agrumes, je mesurai mon manque de réceptivité. Je n'en étais pas moins charmé, puis bientôt, très surpris par ce qu'avaient su glaner les regards candides de mon camarade. Par sa bouche, la grande cité devenait vaguement fille du soleil; elle était beaucoup moins engourdie de chaleur que taillée fastueusement dans la lumière; elle prenait du relief, se burinait d'ombres parfois hantées par d'attirantes formes allongées pour la sieste; elle s'enrichissait du gémissement de quelques flamencos que nous avions, en effet, entendus; ses rues s'animaient du grelot des petits ânes chargés d'oranges, s'ombraient de grandes palmes que chaque carrefour reflétait dans la vasque de sa fontaine. Je regrettais, en l'écoutant, d'avoir pu loucher vers une échoppe d'où s'échappaient des bruits de verres remués, alors que nous étions devant cette cathédrale, dont il avait retenu d'amusants détails dans les sculptures du frontispice. J'admirais ces vieilles tours d'enceinte qui avaient si longtemps défié l'assaut des hommes, mais s'inclinaient coquettement devant l'escalade des vignes vierges. Je m'amusais de ces gosses dépenaillés qui prenaient un petit masque tragique pour tendre la main, puis redevenaient rigolards, aussitôt satisfaits... Et tout cela était pourtant rigoureusement exact, inscrit en caractères ingrats dans ma mémoire; je découvrais le plaisir du mélomane écoutant un virtuose, en le suivant sur une froide partition.

La "Question de Cap Juby" …

Parce qu'il aimait passionnément exprimer ses impressions, Saint-Exupéry avait un impératif besoin de concevoir parfaitement. A l'époque où nous étions réunis au Cap Juby, je savais vaguement que notre chef d'escale écrivait, mais je ne sais pourquoi, avec les autres, je l'imaginais alignant des vers limpides comme ceux des rondes enfantines. Je fus très étonné le jour où il m'attira à l'écart, pour m'interroger sur un sujet apparemment simple, mais qui le tracassait :
 « En vertu de quel sentiment risquons-nous, parfois, si facilement notre vie pour acheminer des lettres? »
 Il ne s'attendait certainement pas à ce que je réponde directement à sa question. Peut-être espérait-il que quelque chose dans mes propos le mettrait sur la bonne voie? Peut-être voulait-il ce jour-là simple­ment se distraire à sa manière, à la fois naïve et très intelligente? En ce dernier cas, il n'eut pas à se plaindre. Je ne me suis plus jamais livré depuis, à un pataugeage aussi stérile dans les arcanes de mon esprit. (…) »


Comte ou plébéien: les raisons d'un engagement …

  Antoine était, de par toutes ses racines, le descendant d'une des familles de France les plus charpentées, couvertes d'honneurs ecclésiastiques et blasonnés … Son ancêtre Alfred de Lestrange avait traversé le XIXème siècle (1800 à 1886); il descendait des Croisés du Moyen-Âge. Cet Alfred avait pour tendre surgeon, Marie de Fonscolombe, la mère d'Antoine. Quant à son père Jean de Saint-Exupéry, ses ascendants comptaient un officier de la maison du roi Louis XVIII et un comte de Saint-Amans qui avait pris part à la guerre d'indépendance des Etats-Unis … Henri sortait tout nu d'une famille d'honnêtes paysans de Montgrésin, modeste hameau d'Orry-la-Ville en lisière de forêt de Chantilly. Les voilà compagnons d'aventure !

 Comment Delaunay pouvait-il n'être pas subjugué par cette épopée qui lui donnait pour copain un si "passionnant ami (qui) charmait par la fraîcheur de ses sentiments et la spontanéité de son comportement en toutes circonstances" ! Rien que pour s'entendre dire une fois par Antoine quelque chose ressemblant à: " … si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée !", qui ne ferait pas quelques kilomètres en Bréguet 14 ou en Late 26 ?

 Et voilà que c'est Antoine qui apprivoise Henri. Il le traîne comme un boulet dans les ruelles de Valencia, tel un "autre" tirant son Sancho Pansa … Le soir au repas, il lui fait le plus joli cadeau qu'il ait pu lui donner: une leçon d'esthétique qui bouleverse Henri en lui décryptant les joies de la culture. Et non seulement l'élève accepte, admiratif et convaincu, mais lorque sur le tard, il se remémore la scène, c'est avec un humour "à l'anglaise" digne de Jerome K. Jerome, où il n'élude rien de sa métamorphose auprès du "Roi Soleil" (sur l'attribution de cet hypocoristique, voyez la note  (note-2↓ ) ). C'est même avec attendrissement qu'il l'évoque. Quelle promotion que d'approcher des hommes tels qu'Antoine, Jean Mermoz, Henri Guillaumet et ses "chers Gambade et Meresse"; et Dabry et Gimié …et tant d'autres ! (3-4↓ ) 

 De toute façon, il fallait bien gagner sa vie et, de plus, prouver à sa famille qu'on pouvait s'envoler comme un aiglon pour échapper à son milieu social … À seize ans, Henri travaillait à la Tiru d'Ivry. Usine de Traitement Industriel des Résidus Urbains de la ville de Paris. Ernest, son père, en était directeur de l'entretien des machines (QR:16/20 souv.familial) . Pour échapper aux mauvaises odeurs, il fallait couper le cordon ombilical: s'engouffrer à Buc, s'engager pour "faire des heures de vol" à Strasbourg, dans l'armée; se jeter dans la guerre du Rif. Ensuite seulement on pourrait affronter Latécoère !

 Encore que la noblesse ait gagné dès 1789 le "droit de travailler", c'est sans grand enthousiasme qu'Antoine s'était mué, (sauvons son "honneur": pendant peu de temps), en "marchand de camions". Mais pour la gentry, les relations font bien les choses. Il suffisait qu'Antoine entretint des relations courtoises avec son ancien directeur de l'école Bossuet pour qu'icelui lui présentât un certain Beppo de Massimi (3-5↓ ) , rien moins que le Directeur Général de la Compagnie d'Aviation Latécoère … Or, Antoine avait gagné son brevet de pilote au Maroc et à Istres, durant son service militaire …

 Voilà le plébéien devenu compagnon d'arme du noble, et comme adoubé chevalier à son tour ! Chevalier du ciel, quelle aventure exaltante … au sortir de la TIRU ! Encore fallait-il désormais s'en montrer digne !

«  Combien l'amitié mérite de respects et d'éloges! C'est elle qui fait naître, qui nourrit et entretient les plus beaux sentiments de générosité dont le coeur humain soit capable. »
     ( Boccace; Le Décaméron (1350-1353)

L'honneur existait donc en ce temps-là !

 La France sortait d'une Grande Guerre victorieuse. Elle s'enivrait de musiques militaires. Elle se soûlait de défilés et de comiques troupiers (3-6↓ ) . On était fier d'être Français ! Mais l'Allemand déjà montrait le bout de son Zeppelin:
Philatelie: - Le Marché du Timbre; Voir: cliquez ici
Zeppelin survolant Rio
 

 
 

 

  …Et 75 ans après, les Malgaches s'en tamponnent encore les enveloppes ! Les Américains conquéraient le ciel d'Amérique du Sud avec un courage et une opiniâtreté qui caractérisait leur US Airmail. La France de Verdun et du Chemin des Dames allait-elle se laisser damer le pion par ses anciens copains de cour de récré ?

En 14, Ernest était déjà trop vieux pour profiter de la saine camaraderie des tranchées; il occupa, aux Arts et Métiers, là où, dans sa jeunesse il avait acquis sa science, une chaire de mécanique laissée vacante par un heureux pioupiou … Il y mérita une décoration ! Marie Boyer de Fonscolombe, tendre mère d'Antoine, veuve avant sa trentième année, avait en 14/18, sous l'emblème de la Croix-Rouge, créé à Ambérieu une infirmerie pour les rescapés de la grande tuerie. En 1940, elle sera encore infirmière à Vallauris: bénévole … La France d'alors était médaille d'Or de la compétion 14/18; elle régnait sur un de ces empires sur lesquels "le soleil ne se couche jamais". Sa langue se parlait encore avec fierté jusqu'aux antipodes. Henri, comme les autres, était conscient de participer au rayonnement de sa patrie aux quatre vents de la planète. Imaginons quelle énergie cet idéal pouvait insuffler à nos adolescents !…

 La France de l'entre-deux guerres était aussi celle du remue-ménage social. Celui-ci pouvait susciter, par mimétisme de ce qui se passait si discutablement dans les pays voisins, un nationalisme exacerbé. Une presse de droite activiste s'emparait de la belle aventure des ailes françaises. Si la douce Lucie, mère d'Henri, achetait l'horrible "Gringoire" tous les matins, ce n'était pas pour militer aux "Croix de Feu"; mais parce que ce journal faisait le point sur la position des pilotes d'Aéropostale (QR: 10/20; souv.familial à vérifier). Parmi les as de la Ligne, certains avaient eu le privilège de participer aux premiers combats aériens de cette planète. L'Armée de l'Air a toujours représenté, dans l'armée républicaine, une aile conservatrice. Il était donc fatal que ce monde idéalement autoritaire engendre des velléités politiques. C'était aussi une motivation pour certains des pilotes …

Lorsqu'Henri répondit à la question de Saint-Exupéry.

Primes d'atterrissage
 

 Enfin, n'oublions pas que la Compagnie avait ses nécessités financières. Concurrencée par l'étranger, elle devait impérativement être la meilleure. Gagner du temps sur les étapes: tel était son antienne. Les documents ci-dessous montrent à quel point l'urgence s'en faisait si fort sentir que c'est à grand "coups de primes" qu'on poussait les pilotes à "brûler les étapes". Toujours plus vite, n'était-ce pas une gageure excitante pour ces jeunes hommes qui perfectionnaient chaque jour leurs prouesses, tels des émules de Coubertin préparant les jeux du futur ? C'est dans ces conditions que se développait, entre les meilleurs éléments de l'équipe, une "émulation" du meilleur aloi. De celles qui n'ont point pour but un podium ni l'argent ni l'or; mais l'excitation d'avoir pu, un instant, taquiner les meilleurs.

Primes d'atterrissage

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Nous autres, minables rampants, pouvons imaginer que c'est par une jalousie de "second rôle", comme celle que nous observons tous les jours au plancher des vaches, qu'Henri acceptait un jour de voler à bord d'une invention improvisée: le "ravitaillement en vol" par des réservoirs auxiliaires de facture médiocre. Mais non; pour ces gars-là, la médiocrité n'existait pas. Il valait mieux, pour les honorer, se frotter aux "grands". C'est là qu'était "la Réponse" au questionnement de Saint-Exupéry !

Épilogue triste à pleurer …

 Pourquoi Saint-Ex, "Petit Prince" et "Roi Soleil" de l'esprit avait-il un jour choisi Delaunay, simple rejeton de Jacques Bonhomme, pour lui poser une question philosophique aussi ardue ? « Notre vie est si courte. Pourquoi dilapider ce bien si rare à transporter des sacs au bout du monde ?»

 Henri avait fait construire à Cassis, près d'une jolie calanque, une villa qu'il avait dessinée lui-même et qu'il appelait "La Passerelle". C'était une allusion à la passerelle d'un capitaine au long cours qu'il avait tant rêvé, à l'aube de la vie, d'être un jour … À l'époque, Henri n'était pas à Cassis. Il achevait un cycle de trente engagements qu'il avait contractés au groupe Tunisie, dans la RAF (Royal Air Force britannique). Trente trois raids de bombardement sur la "Vallée heureuse" … Mais les aléas de la guerre étaient tels que les amis d'Alicante avaient pu se perdre de vue…
À quelques encâblures de la côte se trouvent le caillou de la Cassidaigne et l'île de Riou.

Destins, destins impénétrables …
  Aux déserts que l'histoire accable…
Guillaume Apollinaire

  Par un hasard étonnant, c'est le 31 juillet 1944 qu'Antoine avait là son dernier coudoiement avec son élève en esthétique.  Basé en Corse, il rentrait aux commandes de son "double-fuselage" Lightning P38, un des avions les plus rapide du conflit (712 km/h). Mais un pilote allemand de 24 ans, Horst Rippert qui servait dans la Lutwaffe, l'aperçut. L'appareil de Saint-Ex était désarmé et, eût-il vu son poursuivant que c'était déjà trop tard. Aujourd'hui, l'Allemand déplore sa rencontre: « J’ai appris quelques jours après que c’était Saint-Exupéry. J’ai espéré, et j’espère toujours, que ce n’était pas lui. Dans notre jeunesse, nous l’avions tous lu, on adorait ses bouquins. Il savait admirablement décrire le ciel, les pensées et les sentiments des pilotes. Son œuvre a suscité la vocation de nombre d’entre nous. J’aimais le personnage. Si j’avais su, je n’aurais pas tiré. Pas sur lui. »

 Quel barbare Destin a-t-il poussé le Prince-Philosophe des Pilotes à venir mourir à l'aplomb de "La Passerelle", la villa de Cassis du d'Artagnan de l'Aéropostale ? Guettait-il une serviette, un mouchoir agité pour y répondre d'un battement d'ailes ? À l'heure de sa mort, a-t-il eu, Antoine, une pensée pour Henri ? Pour celui qui, de Valence à Cap-Juby aurait pu lui répondre:
« Si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée…»

 Sur le bureau d'Antoine, on trouva une lettre. C'étaient ses derniers mots: « Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m'épouvante. Et je hais leurs vertus de robots. Moi, j'étais fait pour être jardinier. »
 
«  Moi, j'étais fait pour être jardinier. »
 Henri Delaunay est décédé à Antibes le 2 novembre 1965. Il revenait de sa vigne qu'il avait bien jardinée …


La carte postale de Spéracèdes …

  La dernière année de la vie d'Henri vint trop vite. Elle plongea sa famille dans l'amertume et la tristesse. Nostalgie: Toujours, le grand aigle migrateur leur avait à tous manqué. Toujours… Pendant la seconde guerre mondiale, dans l'entourage de Lucie, sa mère, portée par l'exode de juin 40 à Saint-Céré, revenue dans des wagons à bestiaux "40 hommes, huit chevaux" vers Pierrefitte et Montgrésin, l'ignorance de son destin était totale. Mais la bonne dame Lucie, gardienne de ses petits-enfants dont le père était prisonnier de guerre au fond de la Prusse Orientale, ne laissait pas paraître son inquiétude. Répétant un proverbe que lui avait jadis appris sa "Marraine": « Araignée du soir: espoir !», elle cueillait au bord du chemin de Pontarmé d'énormes bouquets de saponaires en chantant doucement quelque couplet d'André Messager. « C'est Estelle et Véronique, Monsieur prenez-nous, Nous serons dans vot'boutique on n'peut mieux chez vous … !» Lorsque la saponaire était séchée, elle servait encore à faire la lessive car le savon manquait: Mémé Énay chantait encore ! Lorsque passait sur les champs qui s'étalent entre le hameau et La Chapelle-en-Serval, les vagues de bombardiers anglais, elle laissait s'échapper Christian. Le gamin de neuf ans se décanillait par les avoines, galopait par les blés pour attraper des brassées de tracts tombés du ciel par centaines. Alors, à la veillée, si l'enfant avait pu, à l'interclasse de midi, se couler vers la "coupe" et chiper en tremblant quelques poignées de copeaux au bûcheron, on se chauffait un peu, cherchant avidement aux journaux du ciel si par hasard le disparu n'aurait pas migré en Angleterre.

 Instinct féminin ! Mais espoir vain. S'il s'y fût rallié, jamais il n'aurait pu compromettre les siens en signalant aux nazis, grands curieux de presse londonienne, sa présence chez De Gaulle (le condamné à mort de Vichy !). L'angoisse restait maîtresse mais l'incompréhensible chanson des messages chiffrés d'outre-Manche, moulinés impitoyablement par le brouillage adverse, rassurait lorsqu'au coin de l'âtre, une grosse araignée tissait sa toile …

Était enfin venue l'heure de la victoire: ô combien fut joyeuse cette époque, laquelle nous rapportait non seulement les GI's, élégants cow-boys en battle-dress, grands distributeurs aux gosses de chocolat, de sardines et de chewing-gum et, pouah! de haricots rouges et sucrés …; mais aussi revenaient nos prisonniers et ceux qui n'avaient jamais abandonné le combat: en Algérie, en Tunisie, en Tripolitaine; l'Italie, la Corse, Saint-Raphaël, Strasbourg, le Nid d'Aigle … Et notre Henri d'Angleterre !

 Il nous revenait dans le camp des vainqueurs, avec de superbes médailles qui couronnaient son exploit: plus de trente missions réussies parmi les Messerschmitt, les projecteurs et la flack implacable ! Mais après cette période d'euphorie, le héros guerrier avait bientôt de nouveau disparu: Afrique centrale, Saïgon, un pays qu'on n'appelait encore pas Viet Nam, Madagascar … Mille journées de pilotage aux commandes d'avions de passagers. Et puis voilà qu'à l'âge de la retraite, l'infatigable Hermès était toujours vivant ! Sa mère, ses enfants, ses neveux allaient enfin le revoir et baiser ses pauvres mains recroquevillées en crochets depuis Florianopolis et qui avaient parcouru des millions de kilomètres en toute sécurité …Ô le retour d'Ulysse en Ithaque !

Carte de Spéracèdes
 

 Mais, tristesse et déception, trois ans après avoir élu pour thébaïde le petit port d'Antibes, sa santé déclinait.
La chaleur méditerranéenne soulageait sa goutte et les rhumatismes gagnés, en prime des médailles, chez les Rosbifs qui le jetaient sauvagement dans les Loch Ness d'Écosse pour l'entraîner à se parachuter dans la Manche … Chaleur fournaise qui jadis le ravissait au sortir des calanques: il n'en pouvait plus ! Alors avec sa chère Simonne il se réfugiait dans l'arrière-pays d'Antibes vers la fraîcheur des sept-cents mètres. C'est alors que Lucie eut la joie brève de recevoir la dernière missive de son Riri: une carte postale de Spéracèdes …
Speracedes Cabris

 
 Était-ce à Spéracèdes le dernier rendez-vous avec le souvenir d'Antoine? Tandis que, cinq mois avant son décès, Henri tentait de reprendre son souffle dans ce charmant village d'altitude où "fait bon respirer la verdure" (flèche 1, ci-dessus), dans le village mitoyen, Cabris (flèche 2), achevait de vivre dans la nostalgie de son veuvage et la perte de ses deux fils, la maman du "Roi Soleil Philosophe" (3-7↓ ) . "Petit Prince Jardinier" qui avait dénoncé un an d'avance: « Je hais leurs vertus de robots !», l'ultime folie forcenée de l'Homo furiosus: Hiroshima. Elle l'avait gardé près d'elle en pensée, Marie de Fonscolombe. Elle décéda aux Fioretti (3-8↓ )  en 1972, ayant survécu environ cinq ans à Henri et vingt-huit ans à Antoine.
« La guerre n'est pas une aventure. La guerre est une maladie.
Comme le typhus. »
( Antoine de Saint-Exupéry - "Pilote de guerre" )
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 Notes de section 3:   ( Sauter les notes de section 3 )
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3-1.- ↑
Gilbert Ganne, journaliste littéraire, "L'Aurore" - Producteur d'émissions radiophoniques: les grands hommes de l'époque actuelle. Romancier …
— Gilbert Ganne; romans, œuvres disponibles en "poche"
— Gilbert Ganne - Article de Wikipedia
3-2.-↑ En fait, c'était plutôt "Courrier Sud" qu'il écrivait à Cap Juby (Gallimard,1929). Parutions: "Pilote de Guerre" (Gallimard,1942); Le "Petit Prince" (1943). Wikipedia: "Le Petit Prince: Écrit à Eaton's Neck (Northport, États-Unis) et publié en 1943 à New York chez Reynal & Hitchcock en deux versions (anglaise et française). Il ne sera publié en français qu'en 1946 en France, soit deux ans après sa mort". Sur la génèse de l'œuvre, reportez-vous au bon article de Wikipedia dont un bref extrait ci-dessous:
"Le Petit Prince fait son apparition dans les librairies aux États-Unis en 1943. Mais Saint-Exupéry y pense depuis plus de sept ans déjà. À moins que l'on ne puisse lire l'ouvrage comme une « autobiographie discrète », la mort de son frère François, qu'il nommait « le roi soleil », en juillet 1917 marquant peut-être le passage d'Antoine du stade d'adolescent à celui d'adulte. Prévu comme un conte de Noël devant sortir pour les fêtes de Noël en 1942 selon Eugene Reynal, son éditeur américain qui avait suggéré à Saint-Exupéry de mettre en texte l’histoire du petit bonhomme qu’il n’arrêtait pas de dessiner partout, Le Petit Prince sort finalement en anglais et en français le 6 avril 1943 aux éditions Reynal & Hitchcock (en) puis en France aux éditions Gallimard en avril 1946.

— « L'intelligence ne vaut qu'au service de l'amour !»
En fait, on sait que cette maxime est écrite dans "Pilote de Guerre" et qu'il a sans doute songé au "Petit Prince" dès Cap Juby. Attesté: "Saint Exupéry rentre en France en 1928 avec son manuscrit, Gaston Gallimard lui fait signer un contrat pour sept romans. Le premier d’entre-deux sera son manuscrit : "Courrier Sud" …
Cf aussi:— Site consacré à Antoine de Saint-Exupéry

On trouve: « Le désert lui inspirera ses futurs écrits, dont Le Petit Prince et Citadelle. »
Cf encore: adresse URL: — Par TéléToulouse: vidéo.
Sur une Vidéo: (en 00:30), on dit de Saint-Ex: « L'idée du Petit Prince, incontestablement, est née à Cap Juby !» : dit par Jean-Didier Daurat, chirugien à Toulouse, petit-fils du directeur d'Aéropostale. Profitez de cette Vidéo, tant qu'elle est disponible …

(Note du Webmestre):  (note-2R↓ ) Je vois que dans Wikipedia, c'est François qu'on nomme "Le Roi Soleil". Mais dans le site — antoinedesaintexupery.com, on trouve:« C’est elle (Simone) qui nomme son frère Antoine "Le Roi soleil", à cause de ses cheveux blonds. !» On voit que c'est cette option que j'ai choisie dans mes articles; mais il subsiste l'équivoque … (Note du Webmestre CJ)

3-3.-↑ CapJuby c'est désormais Tarfaya
— Il faut sauver la mémoire de l'aéropostale - (Le Monde Par Arnaud Contreras 2008)
3-4.-↑ — Liste des Pilotes, Mécaniciens … d'Aéropostale
3-5.-↑  «  En octobre (1926), l'abbé Sudour, son ancien directeur de l'Ecole Bossuet avec lequel il entretenait des relations d'amitié, le présente à Beppo de Massimi, Directeur Général de la Compagnie d'Aviation Latécoère. Cette compagnie assure le transport du courrier entre Toulouse et Dakar. Beppo de Massimi l'engage comme pilote. Comme tous les pilotes de la compagnie, Saint-Exupéry va d'abord passer quelques mois dans les ateliers avant de se voir confier un avion. Puis il assurera la ligne Toulouse Casablanca , et ensuite la ligne Casablanca Dakar !». Cf: Chronologie d'Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) (Extrait bref; mais visitez le site en question: belle biographie chronologique d'Antoine de Saint-Exupéry (pour voir, cliquez ci-dessus); et important site de diffusion de culture littéraire: juste cliquer ci-dessous:
— Site À la Lettre

3-6.-↑ Type de chanteurs et de chansons spéciales à l'entre-deux guerres. Déguisés en poilus un peu ridiculisés, des spécialistes interprétaient des textes bêtes à souhait censés remplir de joie des salles de "vainqueurs de Verdun et fiers de l'être". Ces airs sifflottés par trois générations endormaient les consciences doucement, persuadant les pires émules de Jean Jaurès et d'Aristide Briand que la guerre des tranchées avait été une partie de plaisir où s'amusaient des pioupious rigolards écrasant l'ennemi comme des mouches à merde … Ah! comme on rigolait bien …tandis que nos compétitueurs de toujours fourbissaient les divisions blindées de la revanche ! Ce bel optimisme où des grands tragiques comme Fernandel ne méprisèrent pas d'exceller, amena les foules françaises à la situation qu'on connaît consistant à sacrifier des troupes entières de spahis à l'assaut des Panczer de la blitzkrieg hitlérienne, rabattant "vertement" le caquet de nos batteurs de tréteaux. C'est grâce à ces énergumènes désopilants (en partie, bien sûr, car d'autres y mirent des compétences célèbres au service de lignes Maginot n'allant pas jusqu'en Belgique ou d'artillerie chevaline partant en guerre contre des Stuka, voire à coup de traités munichois; bref, j'en finirai pas si j'me laisse aller …), c'est un peu grâce à ces "hilarants" que mon Papa Paul se retrouva KG sans avoir le temps de comprendre ce qui lui arrivait (bien sûr, ils avaient contourné la ligne Maginot par la Belgique à la vitesse de la foudre …), mon papa me fut confisqué pour de grandes vacances aérées en bordure de Baltique … KG c'est peint dans le dos: Krieg Gefangen; à Kœnigsberg, Stalag IA, Prusse Orientale (tellement loin de chez nous qu'aujourd'hui c'est la Russie !).

J'ai beaucoup pleuré. J'avais cinq ans. Nous les mioches, pendant que nos adultes s'égayaient entre eux aux plaisirs d'un grand match planétaire, on crevait de faim, de froid et de peur. Et le 8 août 44, on frôlait la mort dans la cave voûtée de Montgrésin. Les Alliés avaient envoyé trois vagues de bombardiers pour raser une dizaine de kilomètres carrés de forêt de Chantilly. Oil ! Oil ! Oil ! Ouille, ouille, ouille ! On espérait paralyser l'ennemi nazi (entre parenthèse, notre pire ami de maintenant …mais quel bon partenaire en juin 40 !) en détruisant ses dépôts de carburant. Heureusement, tandis que les bombes soufflantes détruisaient le village de Montgrésin, lesdits partenaires de 1940 avaient planqué la benzine dans les champignonnières ! Malheureusement, je n'ai pas d'écho que le Groupe Tunisie eût été de la partie ce jour-là. Sinon, d'aucuns auraient pu se gausser qu'Henri ait tenté de faire écrouler sa propre maison sur sa propre famille. Sa propre mère, sa sœur et ses neveux en eussent été les bénéficiaires …

 Tout ça pour satisfaire au fameux "concept d'Eichmann" tant décrié par Hannah Arendt … Vous savez: la "banalité du mal": celle qui consiste, de la part d'un être humain ordinaire, à accepter d'appliquer des ordres sans jamais remettre en cause leurs fondements … Mais dans leur grande sollicitude à l'encontre des Français (fait éminemment avéré pour le moins depuis …la Guerre de Cent Ans, Crécy, Azincourt, Jean II le Bon, Jeanne la Pucelle, Montcalm, Dupleix, Aboukir, Trafalgar, Fachoda, Mers-el-Kébir, etc …), les Angliches avaient confisqué à Tonton Henri, ce jour-là, sa "permission de sortie" … J'ironise légèrement (on peut pas toujours êt'triste !); mais je raconterai plus loin comment Henri, dans des circonstances gravissimes, avait enfreint cette "banalité du mal" et gagné des sanctions pour n'avoir pas tué des innocents, ni même des Teutons candides: des enfants…
— Ah ! Pour les poupons d'aujourd'hui: la "blitzkrieg", c'est la "guerre-éclair": plus ça va vite, meilleur c'est !

Pour ceux qui, après ça, persisteraient, au lieu de savourer des tams-tams, à se régaler de bonne vieille chanson franchouillarde, en voici un échantillon caractéristique: cliquez, savourez et, pourquoi pas, vous déguisez et chantez-là (ça m'arrive bien à moi, pour la dérision … !):
Encore mieux: y en avait des tas: cliquez, chantez … Tiens, une drôlement chouette: "L'Ami Bidasse"
— Site des grand comiques troupiers

3-7.-↑ Saint-Exupéry: sa mère: Marie Boyer de Fonscolombe (1875-1972) - "En 1932, elle vend la propriété de Saint-Maurice devenue trop grande et trop lourde à gérer. Elle déménage à Cannes avant d’acheter une maison à Cabris qu’elle nomme Les Fioretti, en hommage à son fils François, où elle passera le reste de sa vie". (Site de Saint-Exupéry, lien plus haut et ci-dessous: sans doute le meilleur sur Saint-Ex …)
— antoinedesaintexupery.com

3-8.-↑ Nom de sa villa de Cabris. C'est une évocation de Saint François, sans doute le "saint patron" choisi pour son deuxième fils, mort à 15 ans. J'ai noté plus haut que l'hypocoristique de "Roi Soleil" était parfois dédié à ce fils François:
« Ce livre contient quelques-unes des petites fleurs, miracles et exemples de dévotion du glorieux petit pauvre messire saint François et de quelques-uns de ses frères et compagnons très dévots. A la louange de Jésus-Christ. Amen. !»
— Les Fioretti de St. François d'Assise ou, autre site:
— Les Fioretti de St. François d'Assise

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Breguet 14 redessiné CJodon
Un Bréguet 14 de la guerre 14/18 (redessiné d'après photo d'époque par C.Jodon 2013). Conçu pour la reconnaisance aérienne et le bombardement, ce biplan à structure métallique robuste fut produit par dizaines. En 1918, lorsque furent créées ses lignes, Latécoère put en racheter au meilleur prix à l'armée; environ 150 à 200 biplans de 1922 à 27. Certains furent dotés de cabines de pilotage fermées (Bréguet 14 T "limousine").
Ainsi, les mécaniciens de Latécoère purent-ils se "faire la main" sur cet avion assez sujet aux pannes (statistiquement une toutes les 60 heures de vol) et la Compagnie entreprit alors sa propre construction d'avions. Elle produisit dès lors le bimoteur Laté-15 puis les Laté 17, 25 et 26.
C'est avec ce dernier type d'appareil que le 7 mai 1928, à Florianopolis, agréable cité atlantique du Brésil, un jeune pilote français de 23 ans fut accidenté; son Laté 26 s'enflamma et, bien qu'il fût atrocement brûlé, il se sacrifia en ramenant son avion en feu jusqu'au sol. Il sauvait ainsi Marsaud, son mécano, et deux passagers: Bernardino et Ferreira.
Ce jeune Français, n'étant que fils et petit-fils d'humbles paysans de Montgrésin, hameau d'Orry-la-Ville, dans l'Oise, et fils d'une femme recueillie par l'Assistance publique dans sa prime enfance, s'appelait Henri Delaunay; et, par son héroïsme exemplaire, il s'élevait le 7 mai 1928 à la dignité de tous ces pilotes peu connus, parfois morts pour l'Aéropostale et dont notre mémoire nationale n'a retenu que les Trois Mousquetaires, géants historiques de cette aventure … Je pense à Jean Mermoz, Henri Guillaumet, et au plus grand de tous: Antoine de Saint-Exupéry, Petit Prince de Cap Juby et grand maître en philosophie: celui qui a écrit pour nous tous, misérables rampants:
"L'intelligence ne vaut qu'au service de l'amour".
Henri Delaunay, tes enfants et petits-enfants, tes neveux et petits-neveux t'élèvent aujourd'hui dans ce site un mémorial tant mérité; à toi dont un général nous parlait qui te commandait en Angleterre, lorsque tu accomplissais 33 missions mortelles de bombardement sur le monde nazi. Cet officier nous disait à Antibes, en Novembre 1965, que lorsqu'il t'avait demandé là-bas: «Pourquoi faites-vous ça?», tu lui avais répondu: «C'est pour que mon fils soit un homme libre!». Henri, fils d'Ernest et de Lucie, nous t'aimons et nous t'admirons pour toujours et ne t'appellerons plus désormais qu' "Henri Delaunay, Pilote aux Mains Brûlées, le D'Artagnan des Trois Mousquetaires"!

Henri Delaunay, était né à PARIS le 13 Décembre 1904. Il s'est éteint à ANTIBES le 2 Novembre 1965.
				
Zoomez l'image: Placez l'image en haut, à gauche de votre écran (par l'ascenceur, à droite) et survolez-la avec la  "souris"; elle est "zoomée". Après une seconde, elle affiche sa légende qui s'efface quelques instants après.
Mise à Jour: 30 mars 2013
www.henri-delaunay-pilote.fr, site en construction;
Merci d'être venu! - Les Créateurs…

Quelques sites présentant les avions de l'Aéropostale

— Site "Aéropostale"
— Site d'Henri Eisenbeis;
  — intéressant.

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fond
				
Copyrights:

Les créateurs de ce site ont bien l'intention de respecter les droits des auteurs: ne pas utiliser d'extraits sans les référencer, mais citer sources et auteurs, effacer les extraits à la moindre réclamation. Concernant les textes et images de notre site, ils sont couverts par notre copyright provisoire: (©CJ) (Plus tard, (©AAHDP) soit "Association des Amis d'Henri Delaunay Pilote"); ceux qui désireront les utiliser à des fins non commerciales notamment pédagogiques pourront le faire à condition de mentionner l'origine: "Site www.henridelaunay-pilote". Les utilisations commerciales sont soumises à notre autorisation préalable, notamment pour les romans, articles et poèmes, les photos et autres documents originaux; s'il s'agit de photos reprises d'autres sites et modifiées pour des raisons de démonstration, les utiliser en citant le site originel. Pour les extraits d'autres sites, bien indiquer leur source et donner le lien que nous fournissons.
Par ailleurs, je m'efforcerai de ne citer de noms que ceux des personnes suffisamment connues et médiatisées pour qu'on puisse les considérer comme des "monuments publics", gardant aux moins "people" un anonymat de bon aloi... Sauf pour les personnes qui, jugeant d'être des témoins actifs et objectifs des "faits" nous en informent et demandent, par écrit, qu'on elur rende justice en les citant (alors, bien formuler vos nom, prénom, métier et rôle joué dans l'histoire). Par ailleurs, en cas d'agression procédurière: 1.- nous cherchons un Avocat de l'Environnement défenseur actif de l'Écologisme (de Sarcelles à Creil, L'Isle-Adam à Senlis); 2.- Nous nous réservonse le droit de répondre ici, dans cette page, nommément si nous sommes mis en cause ailleurs.
Responsable provisoire du site: Christian Jodon; www.henridelaunaypilote.fr, 12 r. de l'église; 95270 Le Plessis-Luzarches.
				
QR: Quoiqu'ça Raconte ?

Nous n'avons pas eu, ici, la prétention de faire œuvre d'Historiens. Nous connaissons trop la responsabilité qui incombe aux Révisionnistes de tout poil, de tout bord, dans le Ressentiment qui constitue l'un des moteurs de l'Histoire, pour usurper leur grave fonction … Nous avons souhaité, avant de partir, mettre à disposition des passionnés les souvenirs d'Henri Delaunay que nous avons hérités et que, triant et répertoriant, nous avons trouvés lors du petit héritage, dans le grenier de grand-mère. C'était Lucie Delaunay, la mère affectueuse d'Henri qui avait, toute sa vie, cultivé tendrement l'amour de son "Riri".

QR = Qualité du Renseignement.
Ayant vécu toute une -déjà longue- vie, nous avions grandi à l'ombre d'Henri, autant que puissent, toutefois, le faire des vers de terre casaniers dans l'ombre d'un aigle géant survolant constamment la planète et ses continents …
Nous avons voulu tenter de "noter" la qualité des témoignages que nous formulons dans ce site. Difficile ! Nous décidons de donner aux documents écrits dont nous sommes certains pour en avoir tenu originaux ou copies jugées sincères, la note 20/20. Nul doute cependant que des renseignements donnés par une source puissent être simple recopie d'approximations trouvées dans une autre: nous discuterons, corrigerons si capables, ou livrerons les variantes que nous connaissons (QR: 16 à 20/20). Les souvenirs familiaux seront cotés: "QR: souv.fam." de 10 à 20. Prenons l'exemple du nombre de traversées de l'Atlantique Sud faites par Henri: on trouve 108 (Ulmer) mais Lucie Delaunay nous a répété cent fois qu'il avait été recordman de l' Atlantique avec 110 traversées, chiffre qu'on trouve ailleurs. En livrant ce souvenir familial, nous croyons pouvoir le coter au moins: QR= 15/20 (souvenir corroboré d'autre part). Dans tous les cas, dans les articles tendant à établir des "faits" pour lesquels nous avons trouvé des indications externes à la famille, nous indiquerons la source. Nous placerons autant de liens que possible mais certains peuvent être labiles … Si quelqu'un a des remarques à faire, qu'il nous fasse l'amitié -au moins en souvenir d'Henri- de nous en glisser un mot au plus vite. Adresse provisoire: chris.jodon@orange.fr . Cf le "footer" ou "pied-de-page".

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Henri Delaunay 23 ans 1928
« L’intelligence ne vaut qu’au service de l’amour.»
A. de Saint-Exupéry "Pilote de Guerre"
 Pas d'amour? Pas d'humour? On ne se fâche pas: on change de site; merci de votre visite.

Henri Delaunay pilote, c'est qui ?

« Pionnier de l'aviation (23.864 heures de vol) le commandant Henri DELAUNAY est mort à Antibes; Nice-Matin Jeudi 4 Novembre 1965 (QR: 20/20 exemplaire du quotidien disponible). Pionnier de l'aviation, Henri Delaunay est mort mardi à Antibes où il s'était retiré. (Ndlr: mardi 2 novembre 1965). La carrière d'Henry Delaunay, né à Paris le 13 décembre 1904, est l'une des plus brillantes que l'histoire de l'Air puisse présenter à ceux qui s'attachent à en connaître les heures de gloire. Elle est faite de talent, d'abnégation, de courage. De talent, car il pilota dans les circonstances les plus dramatiques; de courage, car il alla toujours au-devant du danger sans le  méconnaître; d'abnégation, car il sut se sacrifier pour sauver es autres.
Le 7 mai 1928, alors que Delaunay vole sur la ligne de Rio de Janeiro-Buenos Ayres avec trois passagers à bord, le feu se déclare … »  à bord de son Laté 26. Dans son récit "posthume": "Araignée du Soir", prix Guynemer 1968, HD raconte:  « Tout est fichu ! …Le moteur s'empêtre dans ses bielles ! C'est devant moi, tout à coup, comme l'arrivée d'un tombereau de pavés dans un concasseur (…) ».  L'incendie; il est provoqué secondairement par l'essence, mais d'abord par la panne d'huile qui entraîne l'explosion du moteur (Ndlr): Page 214:  « Suspendu à mes mains dont l'intérieur est encore bon, je maintiens ainsi l'avion dans une spirale "vaseuse" de plus en plus semblable à une chute, mais qui rejette toujours les flammes vers la droite (…) ».  Il pose l'avion, sauve trois passagers mais ses mains et une jambe sont brûlées … « Delaunay se retrouve sur un lit d'hôpital où il se répète les paroles de Mermoz :  « Être adroit, fonceur, et surtout ne pas avoir la poisse... Les trois qualités exigées par le Patron... » (article de Gilbert Ganne - L'Aurore; 030768).  À l'hôpital de Florianopolis, on parle d'amputer; mais un chirurgien allemand le sauve en portant des greffons de peau de la cuisse aux mains (QR: souv.fam. 15/20).
Nice-Matin:  « Après dix mois d'hôpital, il reprenait son poste de pilotage avec autant de courage qu'auparavant. Avant cette action, Delaunay avait, déjà à son actif une longue carrière de pilote. Buc: brevet de pilote. Il passa son brevet militaire au 2e régiment de chasse de Strasbourg et remplit son carnet de vol au 37e régiment au Maroc d'où il rapporta la croix de guerre des T.O.E. avec deux citations à l'ordre de l'armée et à l'ordre du régiment. Entré à l'Aéropostale le 1er janvier 1927, il se distinga sur la ligne Toulouse-Casablanca-Dakar puis, en 1928, en Amérique du Sud, où il fut le héros de la tragédie (…) relatée plus haut, et qui lui valut la médaille de première classe du Brésil (…). En 1931, il entre à Air Orient sous les ordres de Maurice Noguès et en 1934, il obtient le prix du pilote de ligne de l'Aéro-Club de France sur la ligne Damas-Saïgon. Affecté à Dakar en 1935, c'est avec Mermoz et Guillaumet qu'il se relaie pour assurer les traversées de l'Atlantique sud, ce qui représentait, à l'époque, un exploit sans cesse renouvelé » . (Ndlr: Henri sera choisi pour emmener Madame Mermoz (la mère) au lendemain de la tragique disparition de « Jean l'Archange » dans l'Atlantique (le 7 Décembre 1936) pour jeter la gerbe de fleurs sur le lieu présumé du naufrage de la Croix du Sud. Il succédera à son grand aîné sur la traversée où il atteint, avant l'armistice, le record de 110 passages. (QR 18/20 souv. fam. et multiple; ex: J. Ulmer, son bombardier de la RAF dit, dans "Icare n°38 été 1966": « 108 traversées (…) dont il détenait le record mondial d'avant guerre »).
Pilote de Guerre. Il s'était déjà payé quelques exploits au 37e régiment dans la guerre du Rif (1921-1926) où il était dévolu aux renseignements et approvisionnement des détachements avancés. Il s'engagea en 1943 dans le groupe Tunisie qui recrutait pour continuer le combat dans la RAF (Royal Air Force). Arrivé en Angleterre avec 11000 heures de vol et désireux de participer au combat des "lourds", il dut tricher sur son carnet de vol pour ne pas être affecté aux "rampants" ni aux convoyeurs; disant: « Je ne veux pas, un jour, avoir à rougir de ne pas avoir participé à la victoire en combattant ! » Et il achève son engagement sur 34 vols victorieux, décoré de la rare Distinguished Flying Cross britannique (18 août 1945 Nice-M). (QR: souv. fam 15/20 et J.Ulmer pour la citation, ibid).
Revenu en France avec les vainqueurs, Henri retrouve ses enfants, sa famille mais sans tarder, reprend sa place de commandant de bord d'Air France vers l'Indochine. C'est là qu'il connaîtra un autre héros de la bataille de France, son cadet et second à bord, André Duchange. Delaunay préférera ensuite piloter les DC3 sur le réseau de Madagascar où il était chef d'aéroport. (QR: 18/20 souv.fam. malgré des opinions différentes ailleurs sur les appareils pilotés). Lors de sa retraite (1958), il comptait 23.864 heures de vol; soit un millier de journées au manche à balai !


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Responsable provisoire du site: Christian Jodon; www.henridelaunaypilote.fr, 12 r. de l'église; 95270 Le Plessis-Luzarches.


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